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Après 15 ans de projets en espace public et 15 ans d'averses pendant la plupart de ces projets nous avons appris une chose: apprivoisons notre ennemi héréditaire.
Vive la pluie et l'eau dans la ville !
Avec EauPropre | ProperWater, nous poursuivons le débat autour de l'eau dans la ville de demain.
Ceci en essayant des choses, souvent en plein public, sur les places et terrains de la ville, et en posant des questions.
En bref, tout tourne toujours autour de ces 5 questions:
1. Qu'est-ce que l'eau propre ?
2. Où trouver de l'eau propre ?
3. Comment faire de l'eau propre ?
4. A qui appartient (qui à droit à) l'eau propre ?
5. Quel est le coût de l'eau propre ?
Le lien entre villes et eau est souvent tenu pour acquis. Les villes ont besoin d’eau. Un point c’est tout. Historiquement, c’est la raison pour laquelle les villes sont apparues près d’une source d’eau. Maintenant, les villes utilisent l’eau pour la santé et l’hygiène, les loisirs et l’industrie. Mais est-ce une relation à sens unique ou les villes peuvent-elles donner à l’eau quelque chose en retour ?
City Mine(d) croit qu’elles le peuvent. Les villes sont des concentrations de personnes et de ressources, mais aussi d’idées. Et c’est en puisant dans ces idées que nous pouvons trouver de nouvelles solutions aux défis auxquelles nous confronte l’eau.
La façon dont City Mine(d) a exploité les ressources intellectuelles de la ville au cours des quinze dernières années, a été de rassembler les gens, dans l’espace public, autour d’un projet comme point de liaison. Les projets commencent par une série stimulante de questionnements qui se traduisent par une intervention physique, dont la réalisation engendre questions et réponses subsidiaires. Répondre à la question ne se fait pas par l’exécution d’un plan préétabli. Il s’agit d’une forme dynamique de prototypage. Des idées d’objets ou d’activités sont soulevées, réalisées et ensuite testées jusqu’à leurs limites.
Cela ne fut pas différent dans le projet EauPropre | ProperWater. Des activités sur la vallée du Maelbeek à Bruxelles ont soulevé des questions sur la gestion de l’eau, sur la purification de l’eau et sur les infrastructures liées à l’eau. Savoir si nous pouvions raccourcir ou amenuiser le travail des stations d’épuration en créant notre propre eau potable dans l’espace public est devenu la question sus-jacente.
Ce site web raconte un voyage de deux ans, de la recherche d’une eau propre jusqu’à la potabilisation de l’eau de pluie. Ainsi sont partagées des réflexions, des connaissances pratiques sur le filtrage de l’eau, des objets concrets que chacun peut utiliser comme le Pavillon EauPropre, le Pacco-test ou le City Mine(d) TAP.
Bien que le «nous» dans ce site fasse référence à la plate-forme City Mine(d), de nombreuses personnes et collectifs ont joué un rôle crucial. PUM (Projet Urgent Maelbeek) et EGEB (états Généraux de l’Eau à Bruxelles) sont décrits plus loin car ils illustrent la fonction primordiale des relations sociales dans les interventions en espace public. Les relations sociales forment la trame qui rende une intervention possible, et souvent ce sont elles qui perdurent lorsque l’intervention physique est depuis longtemps décomposée dans ses éléments constitutifs.
LIEU DE RENCONTRE
En 2011, quelques personnes se sont réunies sur un terrain en friche, à l’ombre du Parlement Européen et en bordure de l’ancien lit du Maelbeek. A l’initiative de City Mine(d), nous avons réfléchi à des façons de repenser comment faire revivre le quartier européen, tant envahi par le béton, les bureaux et les salles de réunions hermétiques. Nous avons mis en commun nos idées de petites interventions et de micro-projets, et c’est ainsi que nous avons trouvé un point de chute sur la désormais dénommée Friche Eggevoort.
Les récits sur les sources proches, sur les moulins à eau disparus et une machine hydraulique, sur les inondations, les grands travaux d’infrastructure récents et la rivière enfouie démontrèrent que l’eau était bien présente dans nos têtes. Pourtant, ce thème si présent reste invisible dans le paysage urbain.
Les projets et les collaborations sont nées sur la Friche Eggevoort autour de l’idée de redonner une place centrale à l’eau dans les environs. La Friche elle-même devint un « Jardin d’eau », et le projet d’un point d’eau public fut travaillé ensemble avec les réseaux locaux : EGEB et PUM.
Ce fut un véritable lieu de rencontre, de débat et d’échange – un peu comme l’étaient les puits ou les fontaines dans les villes et villages d’autrefois. Deux années durant, au travers d’un processus ouvert et collectif, nous avons travaillé sur des questions telles que l’aspect du lieu et des fonctions qu’il devait accomplir, de comment capter l’eau, avec quelles techniques, des usages de l’eau que nous épurerions et des techniques les plus adéquates pour obtenir une bonne qualité de l’eau traitée...
Tous les acteurs concernés par le projet se rallièrent à l’idée d’un point d’eau public, lieu de rencontres, de débat et d’échanges, où l’on vient écouter les dernières nouvelles du quartier et transmettre des informations. Créer de tels espaces propices au débat, favorisant l’échange et la confrontation des opinions, constitue un élément crucial pour la démocratie urbaine.
Grâce au concept d’un tel lieu et à la construction d’une “machine” dans l’espace public, nous avons pu tisser un large réseau réunissant habitants, techniciens, bricoleurs, employés, hydrologues, artistes, scientifiques et curieux. En même temps, cela nous a permis de nous questionner sur notre rapport avec l’eau, de l’aborder tant sur l’angle local que mondial, que sur celui du bien commun et de la pollution...
En outre, avec le projet communautaire de point d’eau, nous avons ouvert la voie d’une démystification de la technicité de la gestion de l’eau, qui fait appel aux imaginaires et offre un potentiel d’émancipation.
»
texte originale publié dans: Bridges over troubled waters, Crosstalks, VUB press, Bruxelles 2012, p223-231- "L'eau comme bien commun à Bruxelles", Dominique Nalpas & François Lebecq
L’ère dans laquelle nous vivons semble nous laisser toujours plus fascinés par la technologie, cette grande oeuvre humaine qui aurait le pouvoir de nous libérer du joug qui nous asservit à la nature ou qui ferait de l’humain un prolongement du créateur. Et pourtant, avec l’eau, il semble que nous entretenions une relation étonnante : nous projetons sur elle un désir, un idéal de pureté et de virginité naturelle, loin des complications techniques et autres contaminations sociales. “Couvrez donc ces eaux impures que nous ne saurions voir”, serions-nous tenter de dire pour paraphraser la célèbre réplique que Tartuffe donne à Dorine. En réalité l’eau claire et pure ne nous parvient si potable et si apparemment naturelle au coeur de l’urbain qu’au prix de l’utilisation de technologies toujours plus sophistiquées et coûteuses. L’eau est un objet chevelu1 qui se tresse étroitement dans la complexité du social, de l’environnemental, de l’économique, du politique, etc.
En fait, depuis belle lurette, l’eau est invisible dans notre ville, elle est une tache noire de nos politiques de l’aménagement urbain, refoulée de nos imaginaires et de nos soucis citoyens. Et comme bien d’autres éléments dont nous ne voulons pas voir la réalité, elle risque de resurgir comme un retour du refoulé, se manifestant de crise en crise toujours plus douloureusement. Car la fuite en avant vers toujours plus de technologie - au nom du Progrès - qui résout certaines questions pour en reposer d’autres ailleurs, n’épuisera jamais la nécessité de rendre la gestion de ce bien plus visible et plus conscient, donc plus collectif, plus commun... Disons le d’une autre manière, technologie et socialité ne peuvent exister que dans une combinatoire complexe dont les agencements doivent intégrer leur interdépendance. L’eau, comme le climat, est un fait naturel, mais aussi social, économique et politique qui mérite d’être mieux compris dès lors que l’on souhaite lui garder son caractère de bien commun.
»EGEB, PUM et autres avertis sur l’eau ne vont pas laisser passer l’occasion de montrer qu’il n’est pas logique de contraindre toute l’eau en ville sous le béton. Il semble désormais que l’eau veut reprendre sa place dans la ville.
Ci-dessous un aperçu de quelques articles de journaux.
»dimanche 29.03.2015 :: 15:00 ateliers - 17:00 apéro et musique
Petite Rivière Urbaine • Kleine Stadsrivier
Maquette de la Vallée • Maquette van de Vallei
Herbier du Maelbeek • Maalbeek Plantenboek
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